Le crépuscule d’une idole
L’affabulation freudienne
Par Michel Onfray, édition Grasset.
Pour bien comprendre la démarche de Michel Onfray il faut commencer son livre par la fin.
par la bibliographie utilisée et les récents ouvrages qu’il a publiés. Invité, en 2005, à une émission de télé où on lui demandait ce qu’il pensait de l’affaire du Livre noir de la psychanalyse, Michel Onfray, alors défenseur de la psychanalyse avant d'en devenir le pourfendeur, répondit, sans avoir lu le livre que pareil procédé était ridicule. Il a déclaré depuis avoir changé d’avis sur la psychanalyse.
Comme il l’écrit dans son livre Le crépuscule d’une idole, il ne souhaitait pas publier une hagiographie. Il relut donc pour le faire, la totalité des œuvres de Freud, dans les éditions complètes publiées par les PUF (6000 pages), il le fit entre juin et décembre 2009.
Il lut également les historiens critiques de la psychanalyse, les correspondances et autres lectures indispensables pour effectuer son travail, soit des dizaines de milliers de pages.
En 2009 il publia également quatre ouvrages de philosophie. Depuis qu’il s’est attaché à « revisiter » la psychanalyse, en 2005, le philosophe a publié 27 ouvrages de philosophie, dont Le crépuscule est le troisième pour l’année 2010 !
Il faut ajouter à cela plus d’une centaine de CD, dont 12 en 2010. On ne peut que saluer ici une capacité de travail, de lecture et d’écriture hors du commun, une performance d’auteur.
L’ouvrage en lui-même est volumineux, plus de six cents pages. En couverture, le nom de l’auteur apparaît trois fois plus grand que le titre de l’ouvrage et cinq fois plus grand que le sous-titre : « L’affabulation freudienne ». Le marketing a été bien étudié, le nom d’Onfray se vend mieux que le nom de Freud.
L’ouvrage, et c’est bien regrettable, ne comporte aucune note de bas de page. Même si Onfray, lorsqu’il fait parler Freud, cite le volume et la page de l’édition complète de ses œuvres, les sources qu’il utilise sont extraites de la bibliographie de fin d’ouvrage, aucun repère d’auteur sur un fait précis n’est donc possible.[...]
Des écrivains majeurs ayant publié des ouvrages critiques sur la psychanalyse sont exclus. On a l’impression que les exégètes sur le sujet ont été soigneusement sélectionnés par M. Onfray. Aucun analyste, et ils furent nombreux, particulièrement chez les lacaniens, qui ont exercé une critique rigoureuse des écrits de Freud, n’est cité. Michel Onfray doit certainement les connaître et les avoir lus, puisqu’il dit, au début de son ouvrage, avoir suivi des cours de psychanalyse à l’université. Lacan lui-même, le premier déboulonneur de Freud est cité à deux ou trois reprises pour être traité d’histrion (p.568.)
C’est ainsi que, bien que consacrant un chapitre entier à l’attrait de Freud pour la télépathie et l’occultisme, il passe sous silence l’important travail de François Roustang qui en parle abondamment dans son essai Elle ne le lâche plus. Pas plus que n’est cité au chapitre intitulé Le pénis rabougri des femmes l’ouvrage de Luce Irigaray, qui tire à boulets rouges sur Freud. Le titre du travail de L. Irigaray s’appelle « La tâche aveugle d’un vieux rêve de symétrie ». Tout un programme ! Ce manque est-il voulu de la part du philosophe ? [...]